Ils sont arrivés, tous les deux, dans l’après – midi ; c’est lui qui avait envie de venir, et, ça tombait bien, ils avaient à faire à Auxerre ce jour là.
Elle a fait très vite le tour de l’expo, le visage plutôt fermé ; il s’est attardé, intéressé, posant beaucoup de questions, touché.
Arrivés vers l’atelier, elle était fatiguée, elle voulait s’en aller, et puis, cette expo, ça l’avait mise mal à l’aise, c’était bizarre, pas très beau.
Il a proposé : on pourrait s’assoir un peu et continuer à discuter ?
Parce que la terre, ou la peinture, là, il n’avait pas d’idées.
Mais il voulait bien essayer.
Ils se sont installés, leurs mains ont commencé à malaxer la terre.
Puis ils se sont tus, concentrés, et, très vite, les formes sont apparues, surprenantes, émouvantes.
Ensemble, nous avons regardé.
Ils se sont levés, et elle a dit : « c’est drôle, en arrivant, je n’étais pas bien, et c’est passé, je me sens beaucoup mieux  maintenant. »

Odile BIAUD
(exposition d’Auxerre)