Sans doute avions-nous rêvé…
Il y avait eu plus de 300 visiteurs… Tous les jours de cette semaine (du 20 au 25 mars), le cloître de la MJC d’Auxerre n’avait pas quasiment pas désempli…
Nous avions assuré des permanences du matin jusqu’au soir (de 10 à 20h) pour accueillir et proposer des expérimentations de matières, de couleurs mais aussi de voix, de sons, et de mouvements…
Sans doute avions-nous rêvé…
Nous avions observé les personnes dans le cloître, s’avancer, déambuler, reculer, hésiter, questionner…
Nous avions écouté les critiques, les remarques, les approbations, les encouragements…
Nous avions accueilli l’étonnement, la surprise, quelque fois l’émerveillement ou la peur, l’inquiétude, toujours la satisfaction des auteurs des œuvres, et celles des expérimentateurs… Comme si … chacun, chacune recréait l’exposition…
Sans doute avions-nous rêvé…
Nous avions accroché, installé, agencé, dressé, disposé, étalé, déchargé de nos coffres des peintures, des masques, des modelages, des marionnettes, des sculptures…
Nous avions chargé nos coffres, enveloppé, emballé, séché, collé, scotché, double-facé, coupé, scié, récupéré, photographié, regardé, examiné, compulsé, trié, sélectionné, recensé toutes ces œuvres…
Sans doute avions-nous rêvé…
Nous avions rassemblé nos envies, nos réticences, nos expériences, nos compétences, nos intransigeances, notre ardeur, nos intelligences sensorielles, émotionnelles, intellectuelles…
Nous avions autorisé, discuté, argumenté, quelque fois tergiversé, interprété, décrypté, suggéré, interpellé,
Sans doute avions-nous rêvé…
d’une exposition d’œuvres de patients et d’art-thérapeutes,
Sans doute d’autres personnes avaient proposé cette manifestation avec une conférence sur l’art-transformationnel
Sans doute étions-nous dix à Auxerre,
Sans doute nous appelions-nous Odile, Marie-Chantal, Muriel, Régine, Pascal, Jean-Michel, Christine, Catherine, Christophe, Véronique…
Sans doute avions-nous rêvé…
Sans doute avions nous reçu les clés du Cloître Saint-Pierre…
Sans doute avions nous reçu et semé les clés du compréhensible…
Sans doute avions nous régénéré les clés du sensible…
Sans doute la clé des songes nous avait nourris
Avions-nous rêvé ?
Avions-nous dormi ?
D’un jet d’encre, tout s’évapore
Mais tous nos pores ont tressailli
Toutes nos cellules ont vibré
Nourrissant l’émergence
De nouveaux jets à venir !
Jean-Michel KERNE